Il est
temps de décrire le carri.
Il s'agit d'un important défilé avec comme
élément principal le carri ; c'est-à-dire
« le char », mais nous y revendrons.
Cette fête populaire dont les modalités se
transmettent oralement de génération en
génération, se déroule selon des rites bien
établis. Le nombre des participants, des chevaux de la
traîne, celui des musiciens, des tambours, des trompettes
à cheval et des autres acteurs peut varier. Ce ne sont pas
d'ailleurs les chevaux qui manquent à Mazan. Les
époques évoquées n'ont pas beaucoup
d'importance puisqu'il s'agit de reconstituer une cours
seigneuriale au travers des siècles passés ;
mais l'ordre du défilé est immuable et a toujours
été scrupuleusement respecté. En voici
l'ordonnancement :
Le postillon à pied
:
courant, faisant tournoyer sa canne en style
tambour-major.
Le postillon à cheval
:
par une minute environ après le postillon à pied.
Armé d'un pistolet, il tire des coups de feu en l'air,
galope dans la traversée du village en criant :
« Place !
Place ! ».
Deux mesureurs de chemin
:
généralement à cheval, appelés
quelquefois contrôleurs de chemins ; à l'aide
d'une tige de bois, mesurent la largeur du chemin où doit
passer le carri et signalent les obstacles à
supprimer.
Quatre
sapeurs :
que l'on choisit très grands, très forts et barbus,
armés de fortes cognées, démolissent et
suppriment tout ce qui pourrait entraver la bonne marche du
cortège.
Les
tambours à pied
Les trompettes à
cheval
: en
nombre non
limité.
Le
porte-étendard
qui arbore fièrement le drapeau du Carri aux couleurs
traditionnelles vert et or et conçu spécialement pour
chaque Carri. Il indique la date de la manifestation et parfois le
nom de seigneur.
Les vivandières ou
cantinières :
dont le nombre varie de 2 à 6
La cavalerie seigneuriale : formée, en général, de plusieurs
groupes de 8 à 12 cavaliers, chaque groupe étant habillé de façon
différente. Le nombre de cavaliers n'est pas limité (il sera proche de
75 pour les Carri de 1980 et 1981).
La
traîne :
chevaux de trait attelés en file indienne au carri. Chaque cheval
richement harnaché doit être tenu à la bride par un postillon à pied,
armé d'un fouet et portant cocarde vert et or à la boutonnière. Le
nombre de chevaux à la traîne a varié, suivant les années, de 15 à 30
unités.
Le
carri grande
charrette, plus ou moins ornée de branches de buis et enrubannée de
vert et or. Son plancher est recouvert d'un riche tapis, et les siéges
sont garnis de tissu vert. L'ornementation varie d'une année à l'autre.
Il n'y a pas de critères particuliers à respecter, il suffit que le
carri soit le plus beau possible. Sur cette charrette prennent
place : le seigneur du jour, Messire de Saint-Andiol, son page,
son viguier, et le greffier, premier personnage de la cour. Le viguier
est muni d'un grand parapluie bleu ou rose qui sert aussi bien de
parapluie que de pare-soleil pour protéger le seigneur.Le greffier doit
lire, aux quatre portes de la ville, les « statuts du
Carri », historique, évocation des « Carri » passés et
hommage à Messire de Saint-Andiol. Sur cette charrette prenait place
aussi la musique du village. Mis en 1949, les musiciens montèrent sur
un autre char. C'est ce qui sera fait en 1980 et 1981.
Le char de la
musique
:
tiré par 3 mulets attelés de front.
Une vingtaine de musiciens jouent des airs provençaux et la chanson du
Carri, véritable hymne mazanais. Elle est renouvelée à chaque
manifestation et souvent composée en provençal par un auteur local.
Les Consuls
: « li Consé » environ une
dizaine, représentants les élus communaux de Mazan et des villages
voisins, était montés à dos de mulet. En 1980, ces consuls seront
groupés sur un char à bancs tiré par des mulets.
Le
seigneur
des escargots
représente un vassal du seigneur. Son costume est parsemé de coquilles
d'escargots. Il est installé avec son page sur un charreton enguirlandé
tiré par un âne. C'est lui théoriquement qui devra fournir assez de
« cacalouso » pour la table seigneuriale.
Le
seigneur des hannetons
: ou « Tavan » , deuxième vassal, avec son page,
dispose d'un équipage semblable. Son costume est parsemé d'élytres de
hanneton, insigne de son rang. De pauvres hannetons attachés par une de
leurs pattes avec un long fil, devaient amuser les enfants de Messire
de Saint-Andiol. Ce vassal avait donc mission de pourvoir la cour de
ces pauvres coléoptères.
Les
visiteurs
de flasques
:
ce sont théoriquement les derniers du défilé. Ces 3 juges, juchés sur
un charreton que tire une bourrique ont la délicate charge de goûter le
vin des pique-niqueurs. Ils féliciteront le propriétaire des meilleurs
crus et briseront les bouteilles contenant un breuvage indigne de
Mazan. C'est là un jugement humoristique qui n'a pour but que de faire
rire les spectateurs et d'entretenir une constante bonne humeur.
Les
ménestrels
:
au nombre de 3 ou 4, montés sur un charreton du même type que ceux des
vassaux, chantent la chanson du Carri en s'accompagnant à la guitare.
Cet équipage est facultatif mais toujours le bienvenu. Il peut suivant
la volonté des organisateurs, prendre place dans le défilé avant ou
après les visiteurs de flasques et même au besoin sur la charrette
seigneuriale.
