Historique détaillé du CARRI de Mazan

Remarque: Ce site n'est pas le site officiel du Carri

Pour en savoir plus:

Pour en savoir plus vous pouvez lire ici l'intégralité du chapitre consacré au Carri du livre de Camille Tiran  "Chronique de Mazan" publié chez SCRIBA.
   


Parmi les grandes fêtes folkloriques de Provence
Parmi les traditions populaires du Comtat Venaissin
LE CARRI DE MAZAN
Historique et description Texte écrit avec la collaboration de M. Maurice LARUE

ORIGINES DU CARRI

Enclavé dans le royaume de France, entre les généralités de Grenoble, de Toulouse et d'Aix, le Comtat Venaissin,  terre papale, reste, après le départ des papes d'Avignon, administré par des vice-légats italiens.

Cependant, les courants de pensée qui règnent dans la royaume de France et que colportent les voyageurs qui montent ou descendent la vallée du Rhône ne sont pas sans atteindre le Comtat et Mazan en particulier.

Dès 1269, à l'imitation de Carpentras, la communauté mazanaise s'insurge et réclame, mais en vain, l'abolition des corvées de labour et le droit d'élire ses représentants.

Ce mouvement aboutira plus d'un siècle plus tard, le 28 janvier 1380, à l'élection des premiers syndics par l'assemblée des chefs de famille propriétaires de bien-fonds.

Une charte comprenant 218 articles règlera désormais la vie de la cité et établira les rapports de relations entre les diverses classes de population : ce sont les fameux « statuts » de Mazan. C'est ainsi, comme le notent Pierre Fayot et Camille Tiran dans leur livre « MAZAN », qu'au XVIIème siècle, la communauté locale est administrée, en, principe, par ses co-seigneurs :  les familles de Sade et de Causans.
En réalité, ceux-ci sont accaparés par l'exercice de dignités supérieures, et délèguent leurs pouvoirs à un représentant local :  le viguier. Les temps évoluant, au début du XVIIIème siècle, l'organisation de notre cité subit une profonde transformation. La convocation de l'assemblée des chefs de famille se fait de plus en plus rare.

Les syndics deviennent des consuls et s'érigent en chefs d'un conseil aristocratique, hiérarchisé qui prend en main la direction effective de la communauté, recrute ses membres en un cercle restreint de familles mazanaises. Les consuls vont prendre le pas sur le représentant des seigneurs : le viguier, qui est  réduit au rôle d'administrateur des bien seigneuriaux.

Chaque année, le 1er mai, a lieu l'élection des magistrats choisis parmi les 3 candidats que proposent les consuls sortants. Ce ne sont plus que quelques familles privilégiées qui régissent Mazan. Ces familles s'enrichissent abusivement et vont former une classe bourgeoise entre les co-seigneurs et le peuple. Des différends vont éclater entre ces diverses fractions de la population.
La querelle la plus pittoresque est celle dite « guerre des chaperons » (voir Histoire de Mazan, p.190). Le Consul, Messire des Bernards de Saint Andiol (1) refuse, lors de sa visite annuelle au marquis de Sade, de se présenter porteur de son attribut de consul : « une cape de soie brodée d'hermine » alléguant que cette coutume devient trop onéreuse pour les finances locales.

Le vice-légat d'Avignon lui notifie l'obligation de porter ce « chaperon » représentatif de sa dignité. Le 27 juin 1724, le Conseil, à l'unanimité et fort civilement, demande l'arbitrage de notre Saint-Père le Pape. Rome ne réagira que mollement et finalement l'usage du « chaperon » disparaîtra. Il restera cependant un sentiment d'amertume qui éloignera le consul de ses supérieurs : co-seigneurs et vice-légat.

D'un autre côté, une certaine « grogne » agite aussi la classe paysanne qui trouve que les consuls disposent un peu trop facilement des finances de la communauté et que les taxes sont trop lourdes. Bien sûr, les paysans ont dû soutenir Bernard de Saint-Andiol dans sa querelle au sujet du chaperon, mais il y a  d'autre griefs. Ainsi, lors de l'élection annuelle des consuls, après la cérémonie de passation des pouvoirs, les nouveaux élus se présentent au peuple dans tout leur faste.

Laissons décrire cette cérémonie par MM. FAYOT ET TIRAN, d'après les archives locales : « Le dimanche qui suivait le 1er mai, par le raidillon de la rue Saint-Nazaire où les 3 consuls pouvaient juste passer de front, le cortège se rendait à l'église paroissiale où une messe allait consacrer les élections. A la sortie, une « bravade » les saluait de la pétarade des mousquets et des « bouettes » de l'artillerie municipale.

Fifres et tambours les accompagnaient enfin jusqu'à l'auberge de la Croix- Blanche où un repas réunissait tous les notables anciens et nouveaux, aux frais de la commune (document communal CC 166 - mandat de paiement de 30 livres pour le repas consulaire) ».

Ce sont ces fastes annuels qui seront repris par le petit peuple et de façon caricaturale et burlesque lors de la fête populaire du Carri.

Mais comment le « noble et illustre seigneur, Messire François des Bernards, sieur de Saint-Andiol et messieurs Esprit Laugier et Jean-François Carias, consuls, ont-ils, après avoir fait imprimer en 1725, la transaction passée deux siècles auparavant entre la communauté de Mazan et ses co-seigneurs, en complément de la charte de 1380, comment ont-ils laissé le peuple matérialiser son mécontentement et organiser « lou carri » ?
Ont-ils été débordés par l'amertume du peuple ? Est-ce seulement la soupape de sûreté qui a empêché l'éclatement d'un mouvement insurrectionnel ?.
Ce n'est d'ailleurs pas forcément la première manifestation de ce genre, mais on n'a aucune précision  sur ses origines anciennes.

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