Historique détaillé du CARRI de Mazan (page10)

Remarque: Ce site n'est pas le site officiel du Carri

Pour en savoir plus:

Pour en savoir plus vous pouvez lire ici l'intégralité du chapitre consacré au Carri du livre de Camille Tiran  "Chronique de Mazan" publié chez SCRIBA.
   



  1. C'est l'époque de l'aisance. On vit plus largement. Les automobiles remplacent petit à petit la carriole et le cabriolet. On choisit l'époque « Louis XIII » et on la respecte « autant que faire se peut ».

    Le défilé doit être magnifique. Rien ne sera négligé. Il faut que le spectacle que l'on va offrir aux visiteurs venus de l'extérieur soit digne de Mazan.
    Les documents abondent : photos, programmes, souvenirs (poèmes), menu du repas et de magnifique étendard vert et or que la famille Borel a offert à la mairie de Mazan en 1979. Le seigneur était Borel Auguste, minotier, route de Mormoiron, au moulin du terreau.
    Il est certain que c'est grâce à lui que le Carri put revivre. Il en fut de son temps et de son argent, c'est sa persuasion qui fit que les Mazanais d'alors, comme ceux des générations précédentes se lancèrent une fois encore dans l'aventure du Carri. La chanson de 1927 sur l'air de « Mon Paris » avait eu pour parolier André Montagard. Elle fut présentée ainsi :

    CARRI de MAZAN
    Chanson dédiée à notre excellent ami Auguste Borel
    Le grand rénovateur du Carri. Pour couvrir les frais qui cette fois étaient énormes, chacun fut mis à contribution. Chaque acteur paya une part de la location de son costume ; la mairie vota une subvention importante. On ouvrit une souscription. Les noms des souscripteurs parurent quotidiennement dans les journaux ; mais cela n'exclut pas la mise en concurrence des fournisseurs ; on demanda des devis aux costumiers, la maison Barabino et la maison Boyer Aristide toutes deux de Marseille proposèrent leur prix.
    Le dimanche 8 mai 1927, tout fut prêt pour « l'estrambord ». Nous connaissons la liste de tous les acteurs principaux :
    Le seigneur Auguste Borel et son page René Coudray,
    Le seigneur des hannetons Paul Conil et son page François Conil qui n'est autre que son fils,
    Le seigneur des escargots, Vachet et son page Maurizot Louis,
    Le grand viguier Montagard Maurice,
    Le greffier, lecteur des statuts, Conil Léon,
    Le porte-étendard, Payant Fernand,
    Le postillon à pied, Meysen François,
    Le postillon à cheval, Légier Marcel.

    Le charretier de profession, Peytier Benoni, que tout le monde appelait « Tôni », avait l'insigne honneur de conduire le Carri. Nous pouvons comme cela donner les noms de tous les participants, mais nous préférons conter quelques anecdotes que nous trouvons amusantes.

    Il n'y avait, en 1927, qu'une seule cantinière, mais qui était-elle ? Un garçon ! Borel Benjamin, fils du seigneur de Saint-Andéol ! Son visage angélique l'avait fait choisir pour ce rôle, pourtant les jolies filles ne devaient pas manquer à Mazan.
    Le page du seigneur des hannetons était comme nous l'avons écrit son fils François, mais cela ne fut pas aussi simple. François a un frère, Georges, un peu plus jeune, mais aussi grand que lui ; Georges était plus joli, mais surtout il avait les cheveux longs, blonds et tout frisés et le papa le choisit pour page. Jugez de la déception de François, qui étant l'aîné, avait supposé être l'heureux élu. La suite des évènements rectifia le droit d'aînesse. Georges pendant le repas seigneurial mangea beaucoup trop et fut affreusement malade. On dut le ramener chez lui et habiller à sa place François, qui n'était pas peu fier de retourner à Mazan parmi les membres du défilé. Le Carri, cette année-là, subit le plus gros orage de toute son histoire. Au retour, pendant le premier tour du village, des trombes d'eau arrosèrent acteurs et spectateurs qui se réfugièrent n'importe où dans une pagaille indescriptible.
    Cependant, le soir et le lendemain, la bonne humeur reprit le dessus et l'honneur fut sauf.

    1928

    Dix-neuf cent vingt-huit : Le succès de l'année précédente fut tel que les organisateurs décidèrent de « faire le bis », l'époque choisie fut Louis XV. Les participants restèrent les mêmes à quelques éléments près.
    Messire de Saint-Andéol : Borel Auguste, avec cette fois pour page Coudray Paul.
    Le seigneur des escargots change ; en 1928, c'est Vidal Aimé et son page Conil Marc, le seigneur des hannetons reste Conil Paul et son page (c'est justice), son fils François. Pour le grand viguier, nous avons Coudray Henri, les visiteurs de flasques sont Bayle Joseph et Imbert Théophile.
    Nous retrouvons Peyrier Benoni comme conducteur du cheval du carri.
    Nous rendrons ici hommage aux musiciens de la philharmonique mazanaise qui furent de tous les « Carri » passés et …à venir.
    Hommage également aux tambours et trompettes de l'Indépendante Mazanaise, fanfare qui anima pendant de longues années diverses manifestations du village. Les tambours de 1928 furent comme l'année précédente.
    « Le Né » de Jouve, Ripert Joseph, Brunet Henri, Michel Henri.
    Quand aux trompettes à cheval, nous ne saurions les citer tous, notons cependant :
    Jouve Gustave
    Carritoux Bertin
    Tiran René
    Carré Camille

    La famille Roch-Conil conserve dans ses archives familiales toute la correspondance ainsi que le livre de compte de 1928. Tout ces écrits étaient tenus à jour par Vidal Aimé, qui se dévoua entièrement à la cause du Carri.
    Cette famille conserve aussi les discours de Conil Léon qui fut greffier en 1927 et 1928. Elle garde précieusement un cahier d'écolier manuscrit où le majoral de Félibrige François Jouve, écrivain très connu de notre région, fit en langue provençale un essai historique de cette pittoresque tradition. Quand on sait la valeur des écrits de François Jouve, on peut penser que ce cahier représente le document le plus précieux de toutes les archives du Carri.
    En 1927 et 1928, la messe en plein air fut célébrée d'une façon remarquable par l'abbé Perbet, curé de Mazan, devant une foule silencieuse et recueillie.
    Nous croyons bon d raconter une petite histoire qui devrait inciter les futurs organisateurs du carri à juger leur action avec prudence. Le Carri de 1927 avait très bien marché ; aussi en 1928 on reprit pour collecter de l'argent les mêmes procédés que l'année précédente, mais la commission décida de louer quelques costumes une semaine avant la fête, de costumer des acteurs et de « tirer » des photographies dans le parc du château de Barret, route de Mormoiron. Ces photos devaient être vendues les jours précédents le Carri et le jour des festivités. L'idée était excellente, mais on vit trop grand, on fit faire plusieurs centaines de cartes postales, par ailleurs très belles pour l'époque, mais leur prix trop élevé ne permit qu'une petite partie de leur vente. En 1980, dans certains greniers de Mazan, on retrouvait ces cartes postales par dizaines et c'est ainsi que le reliquat des recettes de 1928 fut englouti pour payer le photographe et la location supplémentaire des costumes.
    Pour être complet, nous devons écrire que malgré la pluie de la fin de journée, le Carri de 1928 fut vraiment une grande réussite.

    Suite

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