Historique détaillé du CARRI de Mazan (page11)

Remarque: Ce site n'est pas le site officiel du Carri

Pour en savoir plus:

Pour en savoir plus vous pouvez lire ici l'intégralité du chapitre consacré au Carri du livre de Camille Tiran "Chronique de Mazan" publié chez SCRIBA.


1948-1949


Dix-neuf cent quarante-huit - Dix-neuf cent quarante-neuf: Il n'était pas pensable que le Carri ne survive à la deuxième guerre mondiale. Les longues années de privation passées, quand les blessures morales furent un peu atténuées, la population éprouva un besoin d'activité et de reprise de confiance en elle-même. Mazan marqua le renouveau de l'après-guerre en reprenant la tradition du Carri.

1948

Pour ce Carri de 1948, on avait l'expérience des participants de 1928 qui reprirent du service. On avait conserver une multitude de documents et on avait la foi, cette foi qui soulève les montagnes.

Dès les premières réunions, ce fut la certitude d'obtenir une parfaite réussite.
Des commissions furent formés :
Les finances, la publicité, les costumes, tous les chevaux furent recensés et presque tous furent gracieusement mis à la disposition des organisateurs. Une fois encore, l'époque Louis XV fut retenue à cause de la beauté des costumes.
Lors de la distribution des rôles, on eut quelques difficultés à désigner un seigneur.
Contrairement aux « Carri » passés, personne ne fut candidat et il fallut solliciter plusieurs Mazanais qui, par modestie ou pour toute autre raison, se récusèrent.
Finalement, Jean Marcel, dit « Malachi »,accepta de représenter Messire de Saint-Andiol. Ce qu'il fit d'ailleurs avec beaucoup de prestance.
Déjà mousquetaire au Carri précédent, il ne fut pas surpris par toutes les préparations de la fête. Propriétaire exploitant, il habitait et habite encore aujourd'hui une ferme route de Blauvac, quartier du Laquet.
Nous allons, comme nous l'avons fait pour le Carri précédent, donner les noms de quelques participants. Nous ne pouvons pas citer tout le monde car la lecture en serait fastidieuse, et nous risquerions d'oublier quelqu'un. Nous donnons ci-après les noms des acteurs qui occupèrent les rôles qui nous paraissent les plus typiques.
Le seigneur : Jean Marcel avait pour page le jeune Montagard Jean-Louis maintenant chef de la philharmonique mazanaise.
Le seigneur des escargots : Conil Marc avait pour page sa fille Mireille.
Le seigneur des hannetons : Largaud Amédée avait choisi pour page son fils Pierre.
Le grand viguier était Calamel Léon et le greffier Anrès Abel.
Une photographie de leur sortie de la poterne du château des Causans nous les montre dans leur somptueux costume et il faut reconnaître qu'il ont tous très fière allure.
En 1948, comme à l'accoutumée, on avait invité le Capoulié du Félibrige qui, à cette date été Mistral Frédéric, le neveu du grand poète. On peut d'ailleurs le voir sur la même photo.
Dans son discours, évidemment en provençal, il traita des tradition et des coutumes populaires villageoises ; une phrase résume sa doctrine :
« Un pople senso tradissioun es un pople bastard ». Un peuple sans tradition est un peuple bâtard : phrase logique et évidente.
Dans la mesure du possible, les fils prirent la place de leurs pères. Exemple : le postillon à pied, Meysen Léon, remplaça sont père François.Les acteurs qui avaient grandi se virent attribuer de nouveaux rôles tels deux des pages de 1927 et 1928, Conil François et Maurizot Louis, que nous retrouvons cette fois visiteurs de flasques en compagnie de Reynaud Joseph.
Il y a aussi des personnages inchangés : le porte-étendard Payan Fernand, le postillon à cheval, Légier Marcel, le très populaire charretier Peytier « Tôni » et son aide qui veille à la barre du frein, Jouve Léon.
Nous avons deux nouveaux participants : Constantin Raoul et Josselme Marcel dit « Larrion », tous deux mesureurs de chemin.
La musique était dirigée par Montagard Léopold, les tambours à pied et les trompettes à cheval par Tiran Louis. Pour composer la chanson du Carri, on fit appel à un grand musicien qui s'il n'était pas Mazanais, en avait le cœur : Carle Burle. Il composa musique et paroles de la splendide chanson du Carri, chanson interprétée par les ménestrels Goubert
et Fanelli. Enfin, deux magnifiques vivandières : les sœurs jumelles Andrée et Roselyne Rogier agrémentèrent le défilé de leurs charmants sourires.
Le déroulement des festivités fut parfait : la sortie du seigneur et de sa cour, la présentation de l'étendard, le départ du cortège vers le Bon-Remède. Tout se déroula dans un ordre parfait, la messe célébrée par l'abbé Mathieu, curé de Mazan, fut un modèle du genre ; les fidèles étaient nombreux, ce qui n'empêcha pas une évidente ferveur.
Au repas officiel, le « seigneur des escargots » présenta, en un magistral discours, son plat de « cacalaouso ».Le trio des joyeux drilles des visiteurs de flasques amusa les pique-niqueurs jusqu'à l'heure du retour et malgré le bien-être de toute l'assemblée, il fallut revenir à Mazan où une dizaine de milliers de spectateurs attendaient impatiemment le retour du « Carri ».
Tout alla bien pendant le premier tour de la ville mais au moment d'aborder le second, ce fut l'ondée, si bien que chacun dut courir chercher un abri. Le beau temps revenu, tout se termina comme prévu par l'ouverture du bal par Messire de Saint-Andéol.

1949

Dix-neuf cent quarante-neuf : comme en 1846-1847, comme en 1927-1928, on fis un bis. Tout avait si bien marché l'année précédente, qu'il restait un peu d'argent, et les participants s'étaient promis « de remettre ça » et on remit ça.
Pour « changer un peu », on choisit l'époque Louis XIII et les préparatifs reprirent de plus belle.
Nous avons déjà écrit que l'époque choisie n'avait pas une grande importance, l'essentiel étant de faire revivre une cours baronnale, mais nous nous apercevons que les costumes alternent toujours entre Louis XIII et Louis XV ; pourquoi ? Tout simplement parce qu'il sont très différents et très caractéristiques. Dans l'esprit populaire, la première époque évoque « les fiers mousquetaires », la deuxième évoque « les beaux marquis ». Mais mis à part les costumes, les festivités furent la copie conforme du Carri précédent.
Le même seigneur : Jean Marcel avec son page, Jean-Louis Montagard.
Le seigneur des escargots Conil Marc avait, lui, changé de page, il prit cette année_là Jean-Pierre Saurel, qui deviendra, longtemps après l'abbé Saurel.
Le seigneur des hannetons était changé lui aussi. Pour tenir cette place, nous trouvons Payan Fernand avec pour page son fils Gérard.
Le porte-drapeau fut un nouveau venu, Bertrand Albert.
Dans les visiteurs de flasques, Jouve Julien remplaça Maurizot Louis, quand au gros de la troupe il resta à peu près le même.
Le défilé, la messe, le repas, les discours, le retour : tout fut très bien, mais on sentit transpirer du regret, de l'amertume. Personne ne disait le fond de sa pensée, mais chacun en était convaincu :
On vivait le dernier des « Carri ». L'époque moderne, la technique, la nouvelle mentalité des foules, tout contribuait à faire croire « qué lou bèu Carri dé Mazan avié viscu »,que le beau Carri de Mazan avez vécu. Cela faillit être vrai. Les années passaient. Bien sûr, les Mazanais d'origine parlaient quelquefois du Carri, mais les nouveaux habitants de notre village, que savaient-ils de nos traditions ? Comment recevraient-ils cet héritage qui n'était pas celui de leurs ancêtres ?

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